Journée mondiale de la Vie Consacrée 2019 — Diocèse de Carcassonne & Narbonne

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Journée mondiale de la Vie Consacrée 2019

Publié le 04/02/2019

Ce samedi 2 février, nous célébrions la présentation du Seigneur au Temple mais aussi la journée mondiale de la Vie Consacrée.

A cette occasion, plusieurs rassemblement étaient proposés dans notre diocèse : les vêpres au monastère de Prouilhe le vendredi 1er février, et la messe à Saint Bonaventure à Narbonne le samedi 2 février.

 

Cliquez sur la photo ci-dessous pour voir l'ensemble des photos : 

Journée mondiale de la Vie Consacrée 2019

 

Voici l'homélie de Mgr Planet à l'occasion de la messe le samedi 2 février : (cliquez ici pour télécharger le texte)

 

Voici un évènement minuscule en apparence. Dans la foule qui envahit le temple de Jérusalem, et il y a beaucoup de monde dans le temple de Jérusalem, un couple qui glisse avec un enfant pour accomplir la loi. Un couple peu regardé, ce sont des gens qui viennent avec le sacrifice minimum prévu, un couple de pigeons. Ce ne sont pas des gens qui viennent avec des bœufs ou avec des moutons. Ce sont des pauvres parmi les pauvres et personne ne les voit sinon le vieux Siméon et la vieille Anne qui reconnaissent d’un seul coup dans cet enfant pauvre le salut du monde.

Un enfant pauvre. Un enfant qui est non seulement pauvre parce que la famille qu’il s’est choisie, puisqu’il s’est choisi sa famille, non seulement parce que sa famille est pauvre, mais parce qu’il est dans une situation de pauvre qui est la situation de tout enfant. On l’amène, on le conduit et il se présente spontanément non pas comme un conquérant mais comme un sujet de la loi, puisqu’il vient par ses parents accomplir la loi.

Et d’une certaine façon, il institut le sens même de la pauvreté. Le vœu de pauvreté qui n’est pas dans le vœu de la misère mais dans le vœu de la dépendance fraternelle. C’est ensemble que nous décidons ce que nous faisons et c’est en communauté que nous choisissons nos dépenses, nos objectifs communs. Autrement dit la pauvreté, la pauvreté religieuse n’est pas une pauvreté en soi, elle est une pauvreté fondée dans la charité. Mais elle repose sur cette idée première que je choisis librement d’être conduit par d’autres. C’est en quoi le vœu de pauvreté et le vœu d’obéissance sont liés. L’obéissance ne consiste pas à se soumettre à des tyrans. Une partie de mon travail consiste de temps en temps à réprimer des dérives dans lesquelles des supérieurs, des supérieures, oublient le sens véritable de l’obéissance. L’obéissance c’est se placer ensemble sous la parole de Dieu pour pouvoir comprendre le chemin sur lequel il nous appelle. L’obéissance c’est donc comme la pauvreté ce qui nait de la charité. Je n’obéis pas à mon supérieur, j’obéis à la parole de Dieu que mon supérieur essaie de me faire comprendre. Et je ne commande pas à quelqu’un en supérieur, je me place sous la parole de Dieu, et la partageant avec lui, j’essaie d’avancer sur le chemin où Dieu m’appelle.

Le Christ se présente donc spontanément comme pauvre et obéissant mais aussi comme chaste. La chasteté, contrairement à ce qu’imaginent beaucoup de gens, n’est pas d’abord dans la continence sexuelle. Elle est d’abord dans le refus de posséder autrui et c’est la même réalité que la pauvreté ou l’obéissance. Je ne me place pas comme celui qui décide mais comme celui qui donne. Je ne me place pas comme celui qui revendique mais comme celui qui aime. Et le Christ d’une certaine façon ici, se présente aussi dans cette disponibilité-là. Il ne vient pas pour prendre le pouvoir, il vient pour donner sa vie au service de ses frères, comme nous le rappelait la lettre aux Hébreux. Et cette libération qui nait du choix de vie que fait le fils de Dieu en venant en ce monde, cette libération profonde qui fait qu’il va pouvoir affronter la mort sans peur, c’est ce que nous dit la lettre aux Hébreux que l’on vient d’entendre : « il est venu, il a rendu libre ceux qui par crainte de la mort passaient toute leur vie dans une situation d’esclave ». Cette liberté qui va lui permettre d’affronter la mort, de la traverser, de ne pas la craindre, de transformer ce qui est l’échec en un passage, et un passage vers le bonheur. Cette liberté, elle nait précisément de ces trois choix qu’il fait : de vivre dans cette pauvreté librement choisie, lui qui était riche nous dit Saint Paul, de vivre dans cette obéissance qui est l’obéissance à la parole de son père, et de vivre dans cette chasteté qui est le refus de posséder les autres.

C’est pourquoi il se présente non pas comme un homme qui exerce une autorité écrasante mais comme celui qui se rend semblable en tout à ses frères pour devenir un grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu. Car ce mouvement qui à la fois constitue la communauté fraternelle est aussi le mouvement qui nous conduit à Dieu et qui le révèle. Car Dieu a voulu se présenter à nous, se révéler à nous comme cet amour qui transcende toute chose.

Mes pères et mes sœurs, vous avez choisi la vie religieuse, vous avez choisi à la suite du Christ d’essayer de vivre cette pauvreté, cette obéissance et cette chasteté. Avec tout ce que cela peut comporter de difficile. Personne n’a jamais prétendu que la vie religieuse était simple. Personne n’a jamais prétendu que la vie consacrée était simple, sous toutes ses formes. Car les difficultés de la vie communautaire sont évidemment différentes des communautés des consacrées dans le monde, mais elles existent aussi. Et bien ces difficultés, il y a un moyen de les porter, c’est de savoir que le Christ les porte pour nous et avec nous, et de revenir sans cesse au Christ qui nous porte.

Le fondement de toute vocation à la vie consacrée est dans cette unité avec le Christ. En soi d’ailleurs, elle n’est rien d’autre qu’une façon de dire publiquement ce que c’est que le baptême, car votre vie de consacré doit nous parler à nous qui ne sommes pas religieux, religieuses, consacrés, mais qui dans le baptême avons reçu cette vocation à vivre selon nos états de vie : la pauvreté, l’obéissance et la chasteté. Car les conseils évangéliques ne sont pas simplement ce que doivent faire les religieux mais ce que chacun d’entre nous doit faire. Il y a une chasteté conjugale. Il y a une chasteté familiale. Il y a une chasteté dans l’exercice d’une profession. Il y a une pauvreté, y compris dans les conditions de vie qui peuvent être plutôt favorisées. Et la vie consacrée vient nous rappeler, justement, la nécessité pour chaque baptisé de rejoindre ces conseils évangéliques et de les incarner dans sa vie.

C’est donc pourquoi cette fête aujourd’hui, c’est notre fête à tous finalement. Car tous nous n’avons qu’une seule vraie consécration : celle du baptême. On demandait un jour au pape Pie XI quel était le plus grand jour de sa vie. Et le journaliste médusé entendit le pape lui répondre « le jour de mon baptême ». Et en effet, toute vocation chrétienne est d’abord une vocation baptismale. C’est dans l’appel au baptême que nous sommes invités à suivre le Christ, et invités à le suivre parce que nous sommes incorporés au Christ et à le suivre, le Christ pauvre, chaste et obéissant.

Bonne fête à tous les consacrés qui sont présents aujourd’hui. Bonne fête à tous les baptisés que nous sommes, car nous sommes tous invités à entrer dans ce chemin, qui est aussi une attente et une espérance, celle de Siméon et d’Anne qui attendent et qui découvrent que Dieu tient toujours parole. Vous savez que les premiers chapitres de l’évangile de Luc ont pour but de nous dire « Dieu tient parole ». Dieu fait ce qu’il dit, même s’il faut attendre, même si c’est surprenant, même si c’est inattendu. Dans sa réalisation, Dieu tient parole. Il faut attendre le salut de Dieu et l’accueillir quand il passe dans nos vies. Tout en sachant que cet enfant qui vient, sera un signe de contradiction et que nous devenons nous-mêmes en le suivant des signes de contradictions dans le monde qui a beaucoup de mal à comprendre nos démarches, beaucoup de mal à les interpréter. Mais sans ce signe de contradiction rien n’est dit de Dieu. Alors à la suite de Marie et de Joseph, à la suite d’Anne et de Siméon, marchons à la lumière du Christ qui vient et qui est vraiment le salut du monde.