Eglise en Pays d'Aude - 11 mars 2024 — Diocèse de Carcassonne & Narbonne

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Eglise en Pays d'Aude - 11 mars 2024

Publié le 19/12/2023
Chemin vers Pâques

Dès le premier jour du Carême, nous entendions Jésus pointer du doigt cette redoutable tentation d’agir pour se faire remarquer des autres. On pourrait ajouter aujourd’hui aux paroles du Christ : « Quand tu fais quelque chose de bien, ne va pas twitter pour le faire connaître à toutes tes connaissances. Et toi, quand tu es généreux, ne le publie pas sur Facebook ! ».

 

Oui, nous disposons aujourd’hui de nombreux moyens pour nous faire remarquer. Mais en ces jours, l’Église nous montre qu’un des enjeux essentiels du Carême, c’est de lutter contre cette tentation de se faire valoir : car alors, on ne cherche plus à faire grandir les autres mais à se gonfler soi-même.

« Ton Père voit ce que tu fais dans le secret », dit Jésus. L’essentiel des 40 jours du Carême se vit dans le secret. Il est une expérience communautaire d’intériorité. C’est une attention plus vive à tout ce qui ne se voit pas mais qui est pourtant bien essentiel à une vie humaine.

Permettez-moi de vous proposer ici deux grands points d’attention, comme deux jambes pour tenir solidement debout et avancer d’un bon pas dans cette dernière ligne droite vers les célébrations de Pâques.

« Première jambe » pour un Carême bien debout : agir donc de manière cachée. Nous avons posé un acte bon, nous en sommes fiers.  La tentation est alors vive de chercher des admirateurs. Mais dès qu’on essaye de faire voir aux autres le bien qu’on a pu faire, la beauté de l’acte perd de son éclat. Garder caché le bien que l’on fait, ce n’est vraiment pas facile. C’est une expérience crucifiante, mais tellement belle. Non pas comme une forme d’héroïsme d’avoir fait du bien sans faire de bruit. Mais comme une plongée dans le mystère de notre vie de baptisés. L’épître aux Colossiens enseigne aux baptisés : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3,3). Ce mystère est grand, il est caché. On peut l’oublier, le négliger et même l’abîmer par une exposition superficielle de soi.

Et voici la « deuxième jambe » : Soigner notre vie intérieure. Dans ses Confessions, saint Augustin s’adresse au Seigneur en disant : « Tu étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais, (…) Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi !»  Et nous, aujourd’hui, où sommes-nous ? Au-dedans ou au-dehors ? Dans la superficialité du paraître, dans le souci épuisant de vouloir exister aux yeux des autres ? ...ou bien sommes-nous bien là, en nous-mêmes, pour y recevoir le Dieu vivant ? Au-delà du simple Carême, voici donc deux jambes pour tenir solidement dans la vie et avancer sur le chemin de la sainteté : l’amour des choses cachées et le soin porté à l’intériorité.

Chanoine Olivier ESCAFFIT